Comment gérer la communication avec une personne autiste ou ayant un handicap psychologique lourd ?

Lorsqu’on se trouve face à une personne autiste ou présentant un handicap psychologique lourd, il est souvent difficile d’établir une communication. Certaines personnes refusent catégoriquement de parler ou d’entendre. Ce défi est quotidien pour les équipes soignantes, qui doivent s’adapter aux besoins spécifiques de chaque individu. Dans cet article, nous explorerons quelques principes et outils pour améliorer la communication avec ces personnes. Qu’elles soient dans un établissement spécialisé ou en soins à domicile.

Les outils de négociation : des impacts limités mais essentiels

Lorsque nous intervenons auprès de soignants, comme ceux de la Croix-Rouge Française ou dans des centres pour polytraumatisés, nous utilisons trois outils de négociation spécifiques. Ces modules, développés après plusieurs échanges avec des experts, y compris les membres du groupe négociation du RAID, ont prouvé leur utilité. Mais leurs effets restent limités. Ces outils sont efficaces dans des situations de communication plus classiques, mais il faut prendre en compte les spécificités de chaque situation.

Albert Mehrabian, chercheur en communication, a formulé une règle essentielle pour comprendre l’impact de nos interactions : la règle des 7-38-55. Selon cette règle, seulement 7 % de la communication repose sur les mots utilisés, tandis que 38 % provient du ton de la voix et 55 % de la communication non verbale, comme les gestes et les expressions faciales. Cela nous rappelle qu’il est crucial de prêter attention à l’ensemble de la communication et pas seulement aux mots.

Les règles essentielles à respecter

Deux règles de base doivent guider l’approche de toute intervention :

  1. Le respect des distances et de la proxémie : Lorsqu’on interagit avec une personne en crise, il est essentiel de respecter un espace personnel approprié. Approcher trop brusquement ou sans précaution peut provoquer une réaction négative. « L’effraction de bulle », c’est-à-dire l’acte de pénétrer l’espace personnel d’une personne, doit se faire de manière très contrôlée et réfléchie.
  2. Le toucher : Dans certains cas, le toucher peut être nécessaire, mais il doit être effectué avec grande précaution. La règle du « testing » consiste à vérifier si la personne accepte ce contact, et dans quelles conditions, afin d’éviter toute réaction indésirable.

Trois principes fondamentaux à ne pas oublier

Au-delà de ces règles techniques, trois principes fondamentaux doivent guider nos interventions :

  1. Prendre le temps : Il est crucial de ne pas précipiter les choses. Forcer une communication peut être contre-productif et créer du stress, voire de l’agressivité. Lorsqu’il n’y a pas urgence, il est préférable de prendre le temps nécessaire pour instaurer un climat de confiance.
  2. Être sincère et vouloir aider : Les personnes en crise perçoivent souvent l’intention derrière les paroles et les actions. Il est donc essentiel d’agir avec sincérité et de faire preuve d’empathie. Cela permet de créer une relation de confiance indispensable à la communication.
  3. Gérer son stress : Enfin, pour être efficace, il est crucial de rester calme et maître de soi. Gérer son propre stress est essentiel pour pouvoir s’adapter à la situation et prendre les bonnes décisions. Comme le souligne Bruno Ancrenaz, spécialiste en optimisation mentale, le programme « Gestion du stress » a été conçu pour aider les soignants à mieux gérer leur stress et améliorer leur capacité à prendre du recul dans des situations difficiles.

Le projet de lecture comportementale : une nouvelle approche

Dans le cadre de notre projet d’amélioration de la communication, nous cherchons à développer une fiche de travail sur la lecture comportementale. Comme dans le domaine du secourisme, où l’on doit lire les signes vitaux d’une personne, il est essentiel de pouvoir décoder les signes comportementaux d’une personne en crise. Cela permettra aux soignants de mieux comprendre les intentions de la personne et d’adapter leurs interventions en conséquence. Cette fiche sera validée par des experts que nous présenterons prochainement.

Conclusion

La communication avec des personnes autistes ou présentant des handicaps psychologiques lourds nécessite une approche particulière. En respectant des règles précises et des principes fondamentaux, tout en restant calme et sincère, il est possible d’instaurer un dialogue. L’utilisation d’outils adaptés, comme la lecture comportementale, pourra encore améliorer l’efficacité des interventions. C’est en prenant le temps d’observer, de comprendre et de respecter l’individu que nous pourrons, étape par étape, surmonter les défis liés à la communication.