Depuis quelques temps, un nombre croissant d’établissements se tourne vers l’utilisation des gestes contenant pour gérer les crises. Ces gestes font partie du module de formation « maintien de sécurité », souvent dispensé dans des structures comme les Centres Éducatifs Fermés (CEF), les Centres Éducatifs Renforcés (CER) ou encore les centres de soin et de santé mentale. Pourtant, l’usage de ces gestes suscite de plus en plus de préoccupations. Notamment dans les établissements accueillant des enfants atteints de troubles du comportement.

Le Maintien de Sécurité et la Contention : Concepts et Distinctions

Le terme « maintien de sécurité » fait référence à l’ensemble des techniques visant à limiter les mouvements d’une personne jugée dangereuse. Il est souvent confondu avec la « contention », mais ces deux termes diffèrent. La contention s’inscrit dans un cadre médical et vise à protéger la personne. Tandis que le maintien de sécurité est une forme de contention passive. Il n’a pas de visée thérapeutique directe.

La contention passive consiste à immobiliser la personne à l’aide de moyens matériels, comme des vêtements ou des dispositifs. Cette méthode se distingue de la contention active, qui a pour objectif de traiter la personne et de l’aider dans la gestion de sa crise.

Le Cadre d’Action : Une Intervention Exceptionnelle

Le maintien de sécurité, tout comme la contention physique, doit demeurer une mesure exceptionnelle. Elle n’intervient que lors de situations d’urgence, quand la sécurité des personnes est menacée. Ces situations surviennent souvent lorsque les techniques classiques de gestion de crise, telles que la négociation ou l’arrestation, échouent. Dans ces cas, les intervenants font face à des individus dont le discernement est altéré. Comme en raison de psychoses aiguës ou de l’influence de substances hallucinogènes ou stimulantes.

Lorsque des individus sont en crise, leur comportement devient souvent imprévisible et violent. Dans ces situations, les intervenants doivent agir rapidement et efficacement. Ils doivent suivre des protocoles stricts pour maîtriser la personne en toute sécurité, sans lui faire de mal.

Les Limites : Une Pratique Délicate

Bien que le maintien de sécurité puisse sembler légitime dans des situations de crise, il demeure une forme de violence. Contenir une personne en crise, surtout si elle est malade, n’est jamais une décision anodine. Cette pratique doit toujours être justifiée par un cadre légal, médical ou éducatif.

Malheureusement, dans certaines institutions, le maintien de sécurité est utilisé par défaut, à cause d’un manque de personnel ou d’une mauvaise organisation. Cela peut entraîner une mauvaise gestion de la situation, voire une escalade inutile. Il est essentiel que cette pratique soit encadrée par des règles claires et qu’elle ne soit pas appliquée comme une solution facile.

Les Dangers Liés à la Contention : Une Pratique Risquée

La contention, bien que parfois nécessaire, comporte des risques. En effet, elle prive une personne de sa liberté, ce qui peut entraîner des conséquences graves. Ces risques augmentent considérablement dans le cadre des interventions physiques, notamment lorsque la personne concernée est un enfant ou une personne en crise.

Les Risques de Blessures et de Mort

Certaines techniques de maintien, en particulier celles utilisées lors d’interventions policières, ont été mises en cause après des drames. Bien que les gestes soient exécutés dans le respect des règles, il existe un danger. Les blessures graves ou le décès peuvent survenir, même si les techniques sont appliquées correctement. Ces risques ne sont pas directement liés à la technique en elle-même, mais à des facteurs externes comme la durée de la contrainte ou l’état physique de la personne maîtrisée.

Aucune étude ne peut affirmer que les techniques de contention sont sans risques. Il est donc impératif que les intervenants soient formés à minimiser ces risques. L’objectif reste de garantir la sécurité de la personne tout en évitant toute forme de dommage.

La Bienveillance : Un Pilier Indispensable

L’un des aspects les plus importants de l’utilisation des gestes contenant est la bienveillance. Dans les établissements accueillant des enfants en crise, cette bienveillance doit primer. Ces enfants, âgés de 5 à 12 ans, sont particulièrement vulnérables. Un geste de maintien mal exécuté ou perçu comme une maltraitance peut laisser des séquelles durables.

Il est crucial que les gestes de maintien soient adaptés à l’âge et aux besoins de l’enfant. Chaque situation de crise est unique, et la réponse doit être personnalisée. Les éducateurs doivent privilégier des approches non violentes avant de recourir aux gestes de maintien. Le recours à la contrainte physique doit toujours être le dernier recours.

Les formations actuelles, notamment celles dispensées dans le cadre du module « maintien de sécurité », s’efforcent de mettre l’accent sur des alternatives à la contention. Ces formations encouragent les intervenants à développer des compétences en gestion de crise, en utilisant principalement le dialogue et la désescalade. Les pratiques basées sur la communication permettent de préserver la dignité de la personne en crise tout en assurant sa sécurité et celle des autres.

Conclusion : Une Pratique à Réfléchir et à Encadrer

Les gestes contenants, qu’ils relèvent du maintien de sécurité ou de la contention physique, ne doivent jamais être utilisés à la légère. Leur mise en œuvre doit rester exceptionnelle et justifiée par une situation de danger imminent. Chaque établissement doit être formé et préparé à réagir de manière appropriée, en s’assurant que ces gestes ne sont pas la conséquence d’une mauvaise organisation ou d’un manque de personnel.

En outre, la bienveillance et le respect de la personne doivent toujours primer. Les intervenants, qu’ils soient éducateurs, policiers ou soignants, doivent être formés non seulement à utiliser les gestes de maintien, mais aussi à gérer la crise de manière empathique. La mise en place de stratégies de désescalade et de communication non violente doit être encouragée, car elles permettent de préserver la sécurité sans recourir systématiquement à la contrainte physique.

En définitive, la gestion des crises, en particulier dans le cadre de jeunes enfants, doit privilégier la compréhension et le respect. L’objectif reste toujours de garantir la sécurité de tous tout en préservant la dignité de ceux qui se trouvent en situation de vulnérabilité.