Le toucher : un outil puissant pour apaiser les conflits et favoriser la coopération

La gestion de la violence et des situations conflictuelles représente un défi quotidien pour de nombreux professionnels : intervenants sociaux, soignants, secouristes, et même dans la vie quotidienne. Parmi les techniques utilisées pour apaiser une situation tendue, le toucher occupe une place centrale. « Plus de toucher égale moins d’agressivité », affirment de nombreux experts en gestion des publics difficiles. Ce principe repose sur l’idée que le contact physique, s’il est respectueux et bien dosé, peut jouer un rôle décisif. Il permet d’apaiser, de réconforter et d’instaurer une relation de confiance.

L’importance du toucher dans les relations humaines

Le toucher est un moyen de communication puissant, bien plus subtil que les mots. Surtout lorsqu’un individu se trouve en colère ou dans une situation de stress intense. Cependant, ce contact physique doit être accepté par les deux parties. Chacun a des limites différentes quant au contact. Ainsi respecter la proxémie un élément fondamental dans la gestion de ces interactions. La proxémie désigne la distance interpersonnelle qui doit être respectée en fonction du contexte et de la nature de la relation.

Dans un cadre de soin ou de proximité bienveillante, il est souvent nécessaire d’être plus proche de l’autre. Ce rapprochement peut aussi être un moyen de sécurité, permettant de canaliser un risque de débordement. Il faut cependant savoir doser cette proximité et veiller à ce qu’elle ne soit pas perçue comme intrusive. Trop proche, le contact peut devenir envahissant. Trop éloigné, il risque de provoquer de la méfiance.

Le toucher : une clé pour favoriser la coopération

Le toucher joue un rôle essentiel dans l’établissement de relations de coopération. Que ce soit dans le cadre d’une gestion de crise ou d’une interaction plus quotidienne. La manière dont nous établissons le contact physique avec notre interlocuteur impacte directement l’image que nous véhiculons et l’efficacité de la communication.

Les recherches menées dans le domaine de la psychologie sociale ont démontré l’efficacité du toucher. Tant dans la facilitation des échanges et dans l’augmentation des comportements de coopération. Par exemple, une étude menée dans les années 1970 par le psychologue Chris Kleinke, à l’Université d’Anchorage en Alaska. A mis en lumière l’impact d’un simple geste physique sur les comportements d’entraide. Dans une situation apparemment banale, où un étudiant oubliait de l’argent dans une cabine téléphonique. Il a pu observer que, lorsqu’il se contentait de demander la restitution de la monnaie sans contact, la personne en face de lui rendait l’argent seulement dans 63 % des cas. En revanche, lorsque l’étudiant touchait brièvement l’avant-bras de la personne, ce taux montait à 96 %.

Ce phénomène s’explique par l’effet de la proximité physique qui favorise l’empathie et l’activation de mécanismes de solidarité. Le toucher semble ainsi déclencher des comportements plus altruistes. Même dans des interactions aussi simples et éphémères que celle de rendre de l’argent à un inconnu.

Le toucher dans la gestion des publics agressifs

Lorsqu’il s’agit de gérer des situations de violence ou de tensions importantes, la prise en compte du toucher devient un atout majeur. En particulier, dans les formations destinées aux professionnels de la santé ou aux intervenants en milieu difficile, l’apprentissage de l’utilisation du toucher est un outil stratégique. Ces formations enseignent comment aborder un public potentiellement agressif, tout en respectant les principes de proximité et de sécurité.

L’un des aspects cruciaux de la gestion des publics violents ou agressifs est la capacité à observer et interpréter le langage non verbal. Le toucher, dans ce contexte, peut être perçu comme une extension de ce langage corporel. Les gestes de contact, même les plus subtils, peuvent influer sur le développement de la situation. Un geste de soutien ou un simple contact de l’épaule peut ainsi jouer un rôle décisif pour désamorcer une tension, renforcer la confiance et amorcer un dialogue apaisé.

Le toucher dans des contextes sécurisés

Dans des environnements plus spécifiques, comme les Unités pour Malades Difficiles (UMD), où des patients peuvent avoir des comportements imprévisibles et parfois violents, la gestion du toucher revêt une importance capitale. Les soignants, formés à l’accompagnement de ces publics, savent que la manière d’entrer en contact avec un patient est essentielle à la fois pour garantir la sécurité et maintenir une relation de soin. L’objectif ici est de sécuriser l’espace sans provoquer de résistance ou d’agression.

Les gestes de contact, observés dans des unités de soins spécialisés, sont le fruit d’une grande maîtrise du non-verbal. Ils permettent d’entrer en relation avec la personne de manière non menaçante. Dans les vidéos de formations en gestion des publics difficiles, comme celles issues des unités hospitalières psychiatriques, les infirmiers utilisent des gestes précis pour approcher les patients. Ils évitent les gestes brusques et préfèrent un contact léger, presque imperceptible, pour établir une première connexion.

Dans la vidéo ci-dessous, extraite du reportage (reportage complet – UMD de Cadillac Immersion dans un hôpital psychiatrique), il est important d’observer les gestes de contact des infirmiers qui travaillent en Unité pour Malades Difficiles pour agir de manière bienveillante et sécure.

Ce type de contact a non seulement pour but de désamorcer l’agressivité, mais aussi d’instaurer une relation de coopération. Les soignants comprennent que chaque geste, chaque mouvement, doit être soigneusement dosé pour garantir une prise en charge sécuritaire et respectueuse du patient.

Conclusion : Le toucher, une méthode puissante mais délicate

Le toucher, dans les situations conflictuelles et dans les relations de soin, représente un levier puissant pour apaiser, rassurer et instaurer un climat de coopération. Cependant, il ne peut être efficace que s’il est utilisé avec discernement. Il est essentiel de prendre en compte les limites de chacun et de respecter l’espace personnel de l’autre.

Dans un contexte de gestion de crise ou de prise en charge de publics difficiles, le toucher permet d’apporter une réponse physique et émotionnelle qui peut avoir des effets significatifs sur l’évolution de la situation. Qu’il s’agisse d’une situation de réconfort, d’une interaction en milieu de soin ou d’un moment de gestion des tensions, le contact physique devient un véritable outil de désescalade et de pacification des relations humaines.

Cependant, cette méthode n’est pas universelle. Elle doit toujours être accompagnée d’une observation attentive du langage corporel et d’un respect des normes culturelles et personnelles de chacun. Ainsi, lorsqu’il est bien utilisé, le toucher devient un véritable outil de désescalade et de pacification des relations humaines.

 

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