Le matin d’un mercredi, une violente agression a eu lieu aux Hôpitaux du Mont-Blanc à Sallanches, en Haute-Savoie. Vers 4 h 45, une infirmière et une aide-soignante ont été attaquées dans une salle de soins. L’agresseur, un homme, les a attaquées sans provocation apparente. L’infirmière a été gravement blessée au visage et transportée à l’hôpital d’Annecy, tandis que l’aide-soignante a dû recevoir plusieurs points de suture après qu’un verre brisé lui ait blessé l’arrière du crâne.

Cette agression, particulièrement violente, a eu un impact immédiat sur les victimes et a également secoué le personnel des Hôpitaux du Mont-Blanc. Face à de tels événements, la mise en place d’un soutien psychologique devient indispensable.

Le Rôle d’une Cellule d’Écoute Après l’Agression

Après un tel événement, une cellule d’écoute est essentielle pour soutenir les victimes et les témoins. Une telle cellule permet de prendre en charge les émotions des personnes impliquées, de leur offrir un espace pour s’exprimer et de les accompagner dans leur processus de guérison. Pourtant, comme le souligne l’écrivain Graham Greene, « personne ne sait combien de temps peut durer une seconde de souffrance« . Les effets psychologiques d’une agression peuvent se prolonger bien au-delà de l’événement lui-même. Même si la violence d’une agression est évidente, l’impact sur la victime et son environnement reste souvent sous-estimé.

Ainsi, le soutien après l’agression ne se limite pas seulement à l’accompagnement des victimes immédiates. Il inclut aussi les collègues, les supérieurs hiérarchiques et les témoins de l’incident. Ces derniers doivent comprendre l’importance de l’événement et se rendre disponibles pour apporter un soutien émotionnel. Cela permet de restaurer progressivement la normalité dans un environnement de travail perturbé par l’incident.

La Nécessité d’un Soutien Immédiat

Le soutien des collègues et des supérieurs hiérarchiques est crucial après une agression. Ceux qui partagent le même quotidien professionnel que la victime sont souvent les mieux placés pour comprendre ce qu’elle traverse. En effet, ceux qui vivent la même réalité quotidienne peuvent apporter une aide plus pertinente. Ils connaissent les pressions et les défis du métier. C’est pourquoi il est indispensable qu’ils prennent conscience de la souffrance du collègue agressé. Mais cette prise de conscience ne suffit pas. Il faut aussi que les collègues aient la volonté d’offrir un véritable soutien.

Dans de telles situations, un collègue agressé doit être traité non seulement comme une victime, mais aussi comme un blessé. Tout comme un blessé physique, un collègue agressé doit pouvoir se soigner et guérir, mais cela nécessite d’être reconnu et soutenu par son entourage professionnel. En mettant en place des dispositifs de soutien, on permet aux personnes concernées de se remettre plus rapidement, aussi bien sur le plan physique que psychologique.

L’Après-Agression : Une Phase Cruciale

L’après-agression représente une phase particulièrement sensible dans le processus de rétablissement. Ce moment doit être abordé de manière sérieuse et organisée. Les professionnels doivent mettre en place un soutien psychologique pour aider les victimes à surmonter les effets de l’agression. Pour ce faire, plusieurs modules de soutien sont nécessaires.

Le sas de ventilation émotionnelle est une première étape essentielle dans la gestion des émotions post-agression. Ce module permet de libérer les émotions accumulées à chaud, immédiatement après l’incident. En offrant aux victimes un espace où elles peuvent exprimer ce qu’elles ressentent, on aide à réduire l’intensité émotionnelle de l’événement. C’est un moment de décompression, un moyen de permettre à la victime de prendre du recul avant d’entamer un travail de soutien plus approfondi.

 

Les Trois Cercles : Defusing, Débriefing, Retex

Ensuite, il est important de suivre un processus structuré pour éviter les traumatismes à long terme. Cela passe par les trois cercles : Defusing, Débriefing, et Retex.

  • Defusing (ou décompression) consiste à traiter l’urgence émotionnelle de la situation. C’est un moment de discussion, permettant à la victime d’exprimer ses émotions immédiatement après l’agression. L’objectif est de réduire la tension, d’ouvrir un dialogue et de favoriser un climat de confiance.
  • Débriefing est la phase suivante, où l’on analyse de manière plus détaillée les événements vécus. Ce processus permet aux victimes et aux témoins d’examiner les faits et d’évaluer leur ressenti. Cela aide à comprendre les éléments déclencheurs et à les mettre en perspective. Cette étape permet aussi de renforcer les capacités de résilience.
  • Retex (retour d’expérience) intervient plus tard, lorsque l’impact de l’incident a été digéré. C’est une analyse rétrospective de l’événement qui vise à identifier ce qui a bien fonctionné et ce qui pourrait être amélioré dans le dispositif de gestion de crise.

Ces trois étapes forment un cycle de soutien et de réflexion qui permet aux personnes concernées de traverser cette épreuve avec un maximum de ressources et de soutien. Elles visent à offrir un cadre structuré pour se remettre progressivement de l’événement traumatique.

Le triptyque de soutien regroupe les trois éléments essentiels à la gestion du stress post-traumatique : l’écoute, la compréhension et l’action. Après une agression, il est impératif que la victime se sente écoutée. L’écoute active permet de valider les émotions vécues et d’offrir un espace sécurisé pour en parler. La compréhension passe par la reconnaissance du traumatisme et de son impact, tandis que l’action vise à prendre des mesures concrètes pour apporter un soutien à long terme. Cette approche globale assure un rétablissement progressif et intégré.

La Formation Certifiante pour un Soutien Durable

Afin de renforcer ces dispositifs, nous avons intégré ces modules dans notre formation certifiante. La gestion de l’après-agression nécessite un cadre structuré et une expertise spécialisée. En formant des professionnels à ces techniques, nous garantissons un soutien de qualité pour les victimes et les témoins d’agression.

Cette formation permet aux intervenants d’acquérir des outils spécifiques pour gérer les situations de crise et apporter un soutien efficace à ceux qui en ont besoin. Elle s’inscrit dans une démarche préventive et curative, visant à protéger les individus et à préserver leur bien-être à long terme.

L’agression survenue aux Hôpitaux du Mont-Blanc rappelle l’importance du soutien immédiat et durable après un événement traumatique. Un dispositif de soutien structuré est essentiel pour permettre aux victimes et aux témoins de se remettre de cette épreuve. Les modules comme le sas de ventilation émotionnelle, les trois cercles, et le triptyque de soutien offrent des solutions concrètes pour faire face à la violence. En formant les professionnels à ces techniques, nous contribuons à un environnement de travail plus sûr et plus apaisé, capable de prendre en charge les traumatismes et d’aider à leur guérison.