L’utilité de médiation pendant les émeutes

Depuis plusieurs années, les sapeurs-pompiers du Gard se préparent aux événements de violence urbaine. Ces événements, parfois violents, nécessitent une coordination étroite entre différents acteurs. Le SDIS30 (Service Départemental d’Incendie et de Secours du Gard) a mis en place des dispositifs spécifiques pour faire face à ces situations. Ainsi ces dispositifs incluent des groupes dédiés à la médiation, la prévention et la gestion de la violence.

Avertissement : les propos développés dans ce témoignage n’engagent aucunement le SDIS et relèvent de la responsabilité de son rédacteur.

Les groupes spécialisés du SDIS30

Pour commencer le SDIS30 a créé deux groupes spécifiques pour faire face aux violences urbaines : le Groupe Médiation et le Groupe Outrage, Menace, Violence.

1. Le Groupe Médiation
   Ce groupe, piloté par le Lieutenant-Colonel Eric Agrinier, a pour mission de quadriller les zones sensibles et de maintenir un lien constant avec les habitants. L’objectif est simple : instaurer une relation de confiance avec les populations. Le principe est clair : « Quand on connaît celui qui porte le casque, on ne lui jettera pas de pierres. » Ce groupe, perçu au départ comme une équipe d’assistants sociaux. Bien qu’il  a été pleinement reconnu après les événements de juillet 2023. La prévention, en l’occurrence, est un moyen de réduire les violences et d’éviter les tensions.
2. Le Groupe Outrage, Menace, Violence
   Ce groupe est dirigé par le Lieutenant-Colonel Olivier Tudela. Il a pour rôle de former et de soutenir les sapeurs-pompiers face à des situations de violence. Particulièrement celles qui dépassent le cadre des violences urbaines. Ce groupe intervient lors d’agressions survenues lors des missions de secours à personne. Notamment dans les quartiers sensibles. Une vingtaine de sapeurs-pompiers sont spécifiquement formés pour gérer ces situations de manière technique et morale.

La gestion opérationnelle lors des événements de 2023

Certes les événements de juillet 2023 ont mis en lumière l’importance des actions de prévention et de médiation. Trois binômes de médiateurs ont été déployés sur les sites principaux où se déroulaient les incidents. Leur mission était de réduire les risques de propagation des incendies tout en préservant le matériel et en évitant les confrontations violentes.

Etant donné que ces binômes étaient équipés d’extincteurs légers. Leur tâche était de :

• Intervenir rapidement sur les départs de feu sans escorte policière.
• Évaluer les risques de propagation et décider des actions à prendre.
• Maintenir un dialogue constant avec les médiateurs et éducateurs présents sur les lieux.
• Rester en contact avec l’officier sapeur-pompier à la Salle d’Information et de Commandement (SIC). Pour informer de l’évolution de la situation.

En fonction de la situation, les médiateurs pouvaient soit laisser brûler un feu sans risque de propagation. Soit éteindre un feu avec un extincteur, ou bien solliciter une intervention plus lourde sous escorte policière si nécessaire. D’ailleurs cette approche a permis de réduire drastiquement le nombre d’interventions des casernes et de limiter les risques liés aux tensions.

Les résultats concrets de cette approche

L’intervention des médiateurs, bien préparée et bien équipée, a permis de prévenir de nombreuses confrontations. Les trois véhicules légers et les six sapeurs-pompiers en intervention ont joué un rôle crucial pour éviter les confrontations violentes. Cette approche a permis de limiter les risques pour les équipes de secours, tout en préservant les équipements coûteux.

Il faut souligner que dispositif a été un véritable succès. Notamment grâce à l’implication et au soutien des officiers responsables des deux groupes ainsi que du Directeur du SDIS30, le Colonel Thierry Carret. Ce soutien organisationnel a permis de réduire les tensions sur le terrain. En particulier lors des confrontations entre les médiateurs et des groupes violents. Ces groupes étaient souvent munis de moyens pyrotechniques, d’armes longues et d’armes de poing, mais la présence des médiateurs a empêché une escalade de la violence.

La prévention, un rôle clé même en situation de crise

Il est possible de constater qu’en pleine crise, la prévention peut jouer un rôle fondamental. Grâce aux actions de médiation menées toute l’année, les médiateurs étaient déjà identifiés et reconnus par la population. A savoir que ce lien de proximité a permis de réduire les tensions et de maintenir l’ordre.

Les efforts déployés par le SDIS30, en collaboration avec les autorités locales et les autres intervenants. Ont permis d’éviter bien des affrontements. Une prévention active tout au long de l’année et des médiations en temps réel ont fait toute la différence.

Une spécialité en construction

Le modèle développé par le SDIS30 pourrait bien devenir une nouvelle spécialité. En effet, la création de groupes de médiation et de gestion de la violence pourrait être une évolution importante dans la gestion des crises urbaines. L’engagement des officiers et des personnels du SDIS30, ainsi que leur implication dans des actions de rapprochement tout au long de l’année, a prouvé l’efficacité de cette approche.

Les équipes de médiation ont montré que leur travail va bien au-delà de la simple gestion de la crise. Elles incarnent un modèle de prévention et de coopération entre les sapeurs-pompiers, les habitants et les autres acteurs locaux. Par conséquent ce modèle pourrait inspirer d’autres départements et pourrait bien s’étendre à d’autres spécialités dans le futur.

Conclusion

Les événements de 2023 ont démontré que la gestion de la violence urbaine nécessite une approche intégrée et réfléchie. Grâce à la préparation, à la médiation et à la prévention, le SDIS30 a pu limiter les risques et éviter de nombreux affrontements violents. Ces actions sont un exemple de bonne pratique pour tous ceux qui travaillent dans le domaine de la gestion des crises urbaines. La prévention reste un levier clé, même en période de crise intense.